Zso, USA, directrice artistique et illustratrice

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Illustration freestyle par Zso

Sara Blake AKA Zso est directrice artistique multimedia dans l’une des agences new-yorkaises du groupe EuroRSCG, graphiste et illustratrice. Zso a développé un superbe style mixant traditionnel et digital sur une base de dessin à main levé avec un jeu créatif autour de l’imperfection. Zso a aussi été sélectionnée par le magazine Curvy pour être l’une des « 120 plus excitantes graphistes féminines » sur un panel de 39 pays.

April 4th, 2010

Hello Szo, comment vas-tu ? Quelle est ton humeur du jour ?
Hi! Merci pour la question ! Aujourd’hui est probablement un des tous premiers beaux jours du printemps ici à New York. Aujourd’hui je me sens bien, d’une humeur très positive. Rien que du ciel bleu ! J’essaie vraiment de vivre et savourer le présent. Et puis c’est Pâques aujourd’hui, alors je me soigne avec des oeufs au chocolat !

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Est-ce que tu pourrais te présenter, dis-nous un peu où tu as grandi et finalement comment es-tu venu au graphisme et à l’illustration ?
J’ai grandi dans une banlieue de Richmond, en Virginie. J’allais dans une petite école religieuse pour fille. Ça veut dire être avec le même groupe de filles pendant 13 ans.

J’ai toujours dessiné des animaux depuis l’école primaire où ma prof Ms. Podd me donnait des cours particuliers—ce que je n’ai jamais oublié. Au collège et au lycée je passais beaucoup de temps dans les ateliers d’art et de photo. Je n’ai jamais pensé être très douée, et mon style était plutôt dispersé, mais j’ai décidé de me renseigner au sujet des professions artistiques.

Cela m’a conduit à la « Gallatin School of Individualized Study » ici à New York où j’ai étudié un mélange de dessin académique, écriture créative, graphisme et post-modernisme. J’étais un peu paumée en terme de carrière, mais quelque part dans tout ça j’ai appris à coder et dessiner des sites web. J’ai donc obtenu un job de graphiste multimedia dès ma sortie de l’école, puis j’ai atterri comme directrice artistique dans la pub, ce que je fais toujours.

La nuit je ne suis pas couchée avant 3, 4, voire même 5 heures du matin pour faire mes illustrations et ensuite aller au bureau pour 9 heures. C’est incroyablement excitant mais aussi complètement perturbant pour le sommeil ! Je me suis fait une petite réputation en line pour mes illustrations, et depuis je n’arrête pas.

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Tu dis être une personne d’extrêmes, comme… quels extrêmes?
J’essaie d’être très directe—je suis souvent plus guidée par mon cœur plutôt que par ma tête, et cela m’attire parfois des ennuis. Je tombe amoureuse avec les gens, les idées ou les choses très rapidement et je m’accroche. Je suis une maniaque de la propreté. Je compte tous les pixels. Et je ne porte qu’une seule couleur— le noir.

Je dois chaque jour aller courir, même si c’est 2 heures du mat’. J’ai consciensieusement couvert mon corps de tatouages depuis que j’ai 18 ans, plutôt par principe qu’autre chose. Je pense que mes obsessions et mes TOCs ne s’arrangent pas avec l’âge, mais en plus, avoir un job de graphiste ça favorise un peu ce genre d’attitude… ha !

Old school ou New school?
Graphisme old school. Techniques new school.

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Et au sujet de New-York ? J’ai vu dans ton blog qu’en découvrant Los Angeles tu avais eu confirmation d’être New-Yorkaise. Comment décrirais-tu ton style de vie à New-York ?
J’ai passé la plupart de mon temps à LA à vouloir me cacher ! C’est-à-dire que j’aime la saleté, la crasse et les grimaces de New York. Ce n’est pas une ville pour les âmes sensibles et je crois que j’ai dû travailler très dur pour gagner un droit de passage ici. Il y a cette énergie si particulière sur laquelle on ne peut poser le doigt. J’habite au 5e sans ascenceur dans Greenwich Village où j’ai mon atelier. Pratiquement tout ce dont j’ai besoin au quotidien se trouve à 5 mn à pieds. Et puis ça bouge tout le temps ici.

Au fait, quelles sont tes librairies de graphisme préférées à New-York ?
C’est tellement facile d’en trouver sur le net maintenant, que lorsque je me balade en ville, j’adore l’inattendu—les livres et les présentations qui n’existent pas numériquement. Il y a tout un tas de galeries bizarres et des friperies sur Great Jones Street qui sont marrantes à explorer. Tout le monde va chez Dashwood Books sur Bond Street, mais je n’y ai jamais mis les pieds. J’adore aussi ces magasins de jouets et de livres japonais sur Dumbo juste après le pont de Brooklyn et qui s’appellent « Zakka Corporation ». Forbidden Planet sur Broadway et la 13e rue est bien pour les BD et les livres de graphisme.

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Tu as récemment rejoins le réseau KDU. Comment cela est-il arrivé ?
Pendant des années je ne savais pas ce qu’était le KDU, mais j’avais remarqué le logo « keystone » et leur affiliation au KDU chez de nombreux artistes que j’admire comme KXX, Bison Art et Si Scott. J’ai travaillé seule pendant environ un an et demi et j’ai préparé mon book. Puis lorsque je me suis sentie confiante je les ai finalement contacté. Ça a été super cool d’être en relation avec tous ces gens si talentueux.

Inspiration. Qui et quoi t’inspire ? Où vas-tu pour ton inspiration ?
La musique ! C’est énorme. J’ai parfois des travaux qui semblent agressifs ou bordéliques, et d’autres qui sont super détaillés et précis—ça a probablement à voir avec ce que j’écoute que ce soit les Pixies ou Sigur Ros. Je trouve également pas mal d’inspiration dans les textures, les éclaboussures, l’usure, les erreurs et imperfections (New York est super pour ça).

Et au final, ça peut paraître étrange, mais je pars pour courir de longues distances chaque jour. Et alors pendant ma course, qui est en fait le seul moment de la journée où je ne fais rien—je ne peux pas travailler, parler ou envoyer des emails—je ne fais que patienter et me retrouver avec moi-même. Je cours habituellement la nuit lorsque la ville est tranquille et les lumières se calment un peu. C’est l’idéal pour les vagabondages de l’esprit et la recherche d’idées. Je ne pourrais pas vivre sans courir. C’est tellement important.

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Tu as dit à propos de ton travail personnel que tu souhaitais arrêter de te battre contre la censure et laisser tes erreurs faire leur meilleur travail pour toi. Peux-tu nous en dire plus ainsi qu’au sujet de tes expérimentations « freestyle ».
Bien qu’il soit important d’aborder un projet avec un plan et un concept, je crois qu’en matière d’exécution, trop intellectualiser peut être fatal. Je travaille en traditionnel parce que j’aime les imperfections. J’aime les traits fragiles et les tâches. Dans une culture ou les gens payent très cher pour avoir des jeans de jeunes créateurs qui soient élimés ou déchirés, je pense que les gens apprécient vraiment de voir que quelque chose a été créé à la main et que l’on y a consacré un peu de temps.

Combattre la censure ce n’est pas seulement se permettre de faire quelque chose de nouveau, c’est surtout ne pas avoir peur d’échouer ! Il arrive que les erreurs deviennent des succès. Comme je disais tout à l’heure, il m’arrive d’avoir des TOCs, c’est parfois difficile pour moi car cela signifie renoncer à un contrôle. Mais c’est toujours une chose sur laquelle je fais un effort.

J’ai pris l’habitude de faire des captures d’écran en time-lapse de mes travaux après avoir scanné un dessin, cela me permet de comprendre ma façon de faire. Il y a parfois des heures d’expérimentations « freestyle » qui ne sont pas conservées mais ce n’est jamais du temps perdu.

Quels sont tes projets pour l’avenir ?
Plein de truc marrants ! Je dois avoir une douzaine de collaborations en cours ou à venir avec des artistes que j’admire. Ma première expo solo en galerie à Sydney pour l’automne 2010—et un certain nombre d’autres projets encore top secret. Et puis il y a en permanence des mise à jour et des images de travaux en cours sur mon blog aussi ! (hellozso.com/blog)

Ce fût un plaisir de partager mon travail ! Merci beaucoup Partfaliaz!

Zso illustrations
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Zso Vimeo

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